Job 9
Vendredi 1er décembre 2006 //
Job
Job chapitre 9
- Job prit la parole et dit :
- Je sais bien qu’il en est ainsi ; Comment l’homme serait-il juste devant Dieu ?
- S’il voulait contester avec lui, Sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule.
- A lui la sagesse et la toute-puissance : Qui lui résisterait impunément ?
- Il transporte soudain les montagnes, Il les renverse dans sa colère.
- Il secoue la terre sur sa base, Et ses colonnes sont ébranlées.
- Il commande au soleil, et le soleil ne paraît pas ; Il met un sceau sur les étoiles.
- Seul, il étend les cieux, Il marche sur les hauteurs de la mer.
- Il a créé la Grande Ourse, l’Orion et les Pléiades, Et les étoiles des régions australes.
- Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre.
- Voici, il passe près de moi, et je ne le vois pas, Il s’en va, et je ne l’aperçois pas.
- S’il enlève, qui s’y opposera ? Qui lui dira : Que fais-tu ?
- Dieu ne retire point sa colère ; Sous lui s’inclinent les appuis de l’orgueil.
- Et moi, comment lui répondre ? Quelles paroles choisir ?
- Quand je serais juste, je ne répondrais pas ; Je ne puis qu’implorer mon juge.
- Et quand il m’exaucerait, si je l’invoque, Je ne croirais pas qu’il eût écouté ma voix,
- Lui qui m’assaille comme par une tempête, Qui multiplie sans raison mes blessures,
- Qui ne me laisse pas respirer, Qui me rassasie d’amertume.
- Recourir à la force ? Il est Tout Puissant. A la justice ? Qui me fera comparaître ?
- Suis-je juste, ma bouche me condamnera ; Suis-je innocent, il me déclarera coupable.
- Innocent ! Je le suis ; mais je ne tiens pas à la vie, Je méprise mon existence.
- Qu’importe après tout ? Car, j’ose le dire, Il détruit l’innocent comme le coupable.
- Si du moins le fléau donnait soudain la mort !... Mais il se rit des épreuves de l’innocent.
- La terre est livrée aux mains de l’impie ; Il voile la face des juges. Si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?
- Mes jours sont plus rapides qu’un courrier ; Ils fuient sans avoir vu le bonheur ;
- Ils passent comme les navires de jonc, Comme l’aigle qui fond sur sa proie.
- Si je dis : Je veux oublier mes souffrances, Laisser ma tristesse, reprendre courage,
- Je suis effrayé de toutes mes douleurs. Je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.
- Je serai jugé coupable ; Pourquoi me fatiguer en vain ?
- Quand je me laverais dans la neige, Quand je purifierais mes mains avec du savon,
- Tu me plongerais dans la fange, Et mes vêtements m’auraient en horreur.
- Il n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, Pour que nous allions ensemble en justice.
- Il n’y a pas entre nous d’arbitre, Qui pose sa main sur nous deux.
- Qu’il retire sa verge de dessus moi, Que ses terreurs ne me troublent plus ;
- Alors je parlerai et je ne le craindrai pas. Autrement, je ne suis point à moi-même.