Porter sa croix

Samedi 4 août 2007, par Yves GOUAST // Messages bibliques

Dans notre cheminement sur la terre tout au long de notre vie, en route vers le Ciel, nous pouvons être appelés à vivre des moments désagréables, des difficultés voire des épreuves. Est-ce le cas de chacun des chrétiens ? Mais que signifie de porter sa croix ? Cela a l’air difficile, dangereux même. Beaucoup pourraient définir le fait de porter une croix comme une vraie persécution, pendant que d’autres se sentiront affectés si un changement dans le style de vie est ce que demande la fidélité à Dieu. Qu’est-ce que vous considérez comme étant votre croix ? Vos parents, votre travail, vos responsabilités ? Ce que les autres attendent de vous ? Est-ce le fait de mener une vie selon la foi qui vous pèse ?

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Il commença alors à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens,
par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après.
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Il disait ces paroles ouvertement. Et Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches.
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Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples, fit des reproches à Pierre et lui dit : Arrière de moi, Satan, car tes pensées
ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.
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Puis il appela la foule avec ses disciples et leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il
se charge de sa croix et qu’il me suive.
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Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.
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Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ?
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Que donnerait un homme en échange de son âme ?
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En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme
aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges.

Mc 8, 31-38 (Bible de la Colombe)

Porter sa croix ? C’est-à-dire ?


Ah ! Pierre ! Quel tempérament bouillant ! Il prend Jésus à part pour lui faire des reproches. Il a pu lui dire : « Mais, Jésus, tu sais, il ne faut pas dire des choses comme ça ! C’est trop triste ! » Aujourd’hui, que dirions-nous à Jésus ? « Mais Jésus, tu n’y penses pas ! Et les droits de l’homme alors ? Personne ne va te tuer pour tes idées ! Il faut po-si-ti-ver ! » Sommes-nous ainsi dans notre vie chrétienne ? Bien souvent on apprécie l’idée du Ciel, mais on occulte les souffrances qui en ont ouvert les portes. Il peut même arriver que nous rechignions à porter la croix de Christ.

Dans notre cheminement sur la terre tout au long de notre vie, en route vers le Ciel, nous pouvons être appelés à vivre des moments désagréables, des difficultés voire des épreuves. Est-ce le cas de chacun des chrétiens ? Mais que signifie de porter sa croix ? Cela a l’air difficile, dangereux même. Beaucoup pourraient définir le fait de porter une croix comme une vraie persécution, pendant que d’autres se sentiront affectés si un changement dans le style de vie est ce que demande la fidélité à Dieu. Qu’est-ce que vous considérez comme étant votre croix ? Vos parents, votre travail, vos responsabilités ? Ce que les autres attendent de vous ? Est-ce le fait de mener une vie selon la foi qui vous pèse ?

La nature humaine tend à rechercher le meilleur niveau de confort et de facilité. Pourrions-nous imaginer de vivre sans électricité ? Sans voiture ? Sans eau au robinet ? Bien sûr, je connais la réponse, en ce qui me concerne en tout cas... Le pire des pécheurs, si on lui donnait le choix entre l’enfer et le paradis, choisirait sans aucun doute le paradis. Mais revenons sur terre : la vie implique du travail et de réels efforts. Il en est de même pour la vie chrétienne, cela ne vient pas naturellement. Je dois faire l’effort de penser à prier, à ouvrir ma Bible, etc. Et le Seigneur attend de nous ces efforts, il ne veut pas de chrétiens qui tomberaient dans la routine et le train-train : « J’ouvre ma Bible parce que c’est l’heure fixée dans mon agenda, je prie parce que c’est l’heure de le faire, je souris à mon voisin parce qu’il sait que je suis chrétien, mais en réalité je ne l’aime pas... » Jésus ne veut pas juste que nous menions une bonne vie, mais il attend quelque chose qui va au-delà, qui est au-delà de l’ordinaire... qui est « extra-ordinaire. »

En réalité, nous n’apprécions jamais vraiment le succès tant que nous ne sommes pas passés par l’échec. On montre davantage de respect envers la réussite si l’on a combattu pour y arriver. On ne peut vraiment se réjouir de la victoire que si l’on a été très proche de la défaite... Il peut même arriver que l’on ne s’attende vraiment à un miracle que si l’on est dans une situation extrême. C’est pour cela que Paul a assuré les Corinthiens que...

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Car, de même que les souffrances de Christ abondent pour nous, de même aussi notre consolation abonde par le Christ.

2 Co 1, 5 (Bible de la Colombe)

Oui, parfois être chrétien est difficile ou même dangereux. Les souffrances de Christ dont il est question dans ce verset ne sont pas celles qu’il a endurées sur la croix. Nous ne pouvons même pas nous imaginer ce que cela a dû être... Les souffrances de Christ qui abondent en nous, ce sont les souffrances que nous affrontons dans notre cheminement de vie, mais que Christ connaît lui aussi, car il est passé sur la terre, il sait ce que c’est que d’être un homme, et il peut nous consoler, nous accompagner tout au long de la vie. Les paroles de Jésus sur le sujet se trouvent dans deux passages des évangiles : Luc chapitre 9 versets 23 et 24 et celui que nous avons lu plus haut : Marc chapitre 8 versets 34 et 35 : « Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. »

Il est vrai que quand nous pensons « croix », nous pensons immédiatement à la crucifixion ; à la souffrance et à la mort. Est-ce vraiment ce à quoi Christ nous appelle ? Vivre une vie d’épreuves et de souffrance ? Peut-être, mais pas forcément.

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et cela de la part de Dieu ; car il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour
lui,

Ph 1, 29 (Bible de la Colombe)

Paul voyait, semble-t-il, les souffrances comme un privilège. Il poursuit dans la même veine deux chapitres plus loin :

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Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant
conforme à lui dans sa mort, pour parvenir,
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si possible, à la résurrection d’entre les morts.

Ph 3, 10-11 (Bible de la Colombe)

Plus loin encore, Paul affirme que nous sommes héritiers de Dieu, co-héritiers avec Christ, « si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. » Romains 8 : 17. Cela pourrait bien être un appel à « renoncer » à notre perception de la vie, à ce que nous en attendons, à ce que nous désirons - pour Christ. Il s’agit d’abandonner sa vie pour une autre, de vivre comme lui nous le demande plutôt que comme nous aurions préféré. Dans ces conditions, nous serons peut-être appelés à souffrir : persécuté, déçu, trahi... La liste peut être longue. Tout cela peut être vu comme une croix à porter. Nous sommes appelés à constamment nous identifier avec Christ et, comme lui, à porter notre croix.

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C’est à cela, en effet, que vous avez été appelés, parce que Christ lui aussi a souffert pour vous et vous a laissé un exemple,
afin que vous suiviez ses traces ;

1 P 2, 21 (Bible de la Colombe)

Pour autant, souffrir n’est pas le signe de notre salut ni la garantie que nous suivons bien Christ. Vous avez peut-être déjà vu ces hommes qui, lors de processions hautement médiatisés, en Amérique du sud, se font crucifier et transporter pour montrer aux autres et à Dieu qu’ils sont prêts à aller jusqu’à la mort. Ils se trompent complètement. En réalité, celui qui est prêt à aller jusqu’à la mort n’ira pas le crier sur les toits. Il ne se pose même pas la question...

Bien souvent, « porter sa croix » ne sera rien de plus que de se montrer prêt et volontaire. Prêt à s’avancer et à parler de la bonne nouvelle de Jésus aux autres, par souci de leur sort et parce qu’on aime le Seigneur. Le verset 38 du passage que nous avons lu dit : « Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges. » Nous identifions-nous avec Jésus ? Essayons-nous d’imiter sa vie ? Nous identifions-nous avec la croix ? C’est-à-dire sommes-nous prêts à abandonner toute conception de notre « soi, » que ce soit en renonçant à notre confort, à ce que nous aimons, tout cela juste pour laisser passer l’intérêt des autres, le besoin qu’ont ceux qui ne le connaissent pas de rencontrer Jésus ? Cela est vraiment l’obéissance à la volonté de Christ.

Porter sa croix ? Pourquoi ?

On peut être tenté de dire : « Pourquoi devrais-je faire ça ? C’est ma vie après tout... » La réponse se trouve bien entendu dans l’écriture :

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Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous
n’êtes pas à vous-mêmes ?
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Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps [et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu].

1 Co 6, 19-20 (Bible de la Colombe)

Et quel prix ! Jésus-Christ a quitté son ciel de gloire, pour un temps, il a choisi de vivre parmi l’homme mortel, ce qui impliquait un certain degré de séparation d’avec Dieu son Père, pour ensuite souffrir une mort douloureuse et honteuse sur une croix. Il a porté notre péché, a été séparé du Père qui ne peut supporter le péché. Par conséquent, il a droit à quelque chose en retour.

Ainsi, ce n’est plus ma vie que je peux mener comme je le souhaite, mais ma vie que je lui remets, qui devient sa vie et devrait prendre la direction qui lui plaît. Ce n’est pas à moi de décider de ce que je fais ou qui a de l’importance dans ma vie. Christ doit avoir la première place dans notre vie. Alors nous pourrons aimer les autres pleinement et être plus efficace dans ce que nous entreprenons pour et par lui.

Porter sa croix ? Comment ?

Parfois, porter sa croix passe par des choix difficiles à faire. Il peut être question de passer du temps loin des gens que l’on aime, sa famille, ses amis... Jésus dit

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Celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime fils ou fille plus que moi n’est pas
digne de moi,
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celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.

Mt 10, 37-38 (Bible de la Colombe)

Evidemment, il ne s’agit pas d’un appel à se détourner de nos famille et amis, mais si un jour il y a un choix à faire, ce devra être Christ, avec l’assurance que donne Marc :

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Jésus répondit : En vérité, je vous le dis, il n’est personne qui ait quitté, à cause de moi et de l’Évangile, maison, frères,
sœurs, mère, père, enfants ou terres,
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et qui ne reçoive au centuple, présentement dans ce temps-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et
des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.

Mc 10, 29-30 (Bible de la Colombe)

La façon dont nous portons notre croix a un effet sur la façon dont nous sommes reliés au monde et les attractions qu’il propose. Les merveilles de la création doivent être appréciées et soignées, mais les fausses attractions du monde sont là, risquant de nous détourner de Dieu. Ce sont ces valeurs-là desquelles il nous faut veiller à rester libres.

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N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ;
16
car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient pas
du Père, mais vient du monde.
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Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

1 Jn 2, 15-17 (Bible de la Colombe)

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Et que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou que donnera un homme en échange de son âme ?

Mt 16, 26 (Bible de la Colombe)

Porter sa croix implique une approche plutôt radicale de la vie. Il s’agit de vivre pour Dieu avant tout, et cela tout naturellement et de façon équilibrée. Voulons-nous cela ? Aimons-nous assez le royaume des cieux et celui qui y habite au point d’accepter sans réserve de porter notre croix, quel qu’en soit le prix ?

Conclusion

Un passage de l’épître aux Hébreux peut nous encourager dans ce sens :

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fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu.
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Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes.

He 12, 2-3 (Darby)

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